Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Il nous faudra beaucoup d’amour20 février 2023

Auteur : Katherine Hibbs

Support : Au fil des lieux

Dans le cadre du Festival Faits d’hiver 2023 au MAM, Au Fil des Lieux a pu assister à une des trois représentations à la mi-février de Il nous faudra beaucoup d’amour, orchestrée par la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier. Désormais les musées se constituent en puissances invitantes de la danse. Ce dispositif extra-scénique nous invite à partager un instant fusionnel entre la corporalité de la danse et les oeuvres plastiques présentées au Musée. La découverte s’est faite en douceur le long des oeuvres exposées au Musée d’Art Moderne de Paris. La chorégraphe nous livre la teneur de son projet:

 » Aujourd’hui, je souhaite partager les trésors que m’a apporté ce compagnonnage silencieux avec les tableaux, les sculptures, dans les salles désertes lors des horaires de fermeture. Après quelques années hors des scènes, je reviens à un projet de création et compose un opus pour trois danseur.euse.s, des œuvres et des spectateur.ice.s, à partir d’un dialogue avec les œuvres picturales ».

 

 

En janvier 2015 Nadia avait mis au point un  » acte de résistance poétique  » avec une minute de danse par jour. La chorégraphe, bouleversée par les attentats de 2015, avait souhaité militer  » pour la vie et les solidarités ». Avec Il nous faudra beaucoup d’amour , interprété par 2 danseuses Margaux Amoros et Anna Carraud ainsi que Liam Warren, le public est embarqué dans une expérience de composition instantanée et spontanée en résonance avec l’environnement des oeuvres du Musée. Grâce à sa  méthode de danse Corps sismographe , Nadia Vadori-Gauthier met en miroir à travers l’interprétation de ses 3 danseurs le visible et l’invisible , notre intériorité et extériorité nous faisant transcender la réalité ordinaire.

 

Qu’est-ce que le Corps Sismographe?

 

Nadia Vadori-Gauthier a créé sa compagnie Le Prix de l’essence en 2010 en y développant des alternatives trans-disciplinaires comme vecteurs de connexion au vivant, créant ainsi des résonances avec ce qui nous entoure grâce au développement d’un champ perceptif et  intuitif. Le Corps Sismographe est une méthode de formation destinée aux professionnels de la danse qui  allie des parts inconscientes et imaginaires à des outils conscients de composition et de mise en forme. Elle permet d’élargir les possibilités d’interprétation, de composition et de création, en relation au monde. Dans l’ouvrage  » Créons au musée, Performances des arts vivants » dirigé par Katia Légeret (Editions Gautner -Paris 2019), Nadia Vadori-Gauthier , chorégraphe et danseuse confie:

« Lorsque je danse en résonance ou en relation à une œuvre, je me laisser mouvoir par quelque chose qui précède la cognition, le sens ou l’interprétation.
Je regarde l’œuvre, je la laisse agir et activer en moi une qualité de « buvard », me laissant imprégner par ce que je reçois. Mon corps, comme une plaque sensible, enregistre ce à quoi il s’expose… ».

 

Il nous faudra beaucoup d'amour/aufildeslieux.fr/Performance des 3 danseurs au Musée d'Art Moderne de Paris- Photo © Fabrice Gaboriau

Performance des 3 danseurs au Musée d’Art Moderne de Paris- Photo © Fabrice Gaboriau

L’Écriture chorégraphique

Une écriture chorégraphique est également développée dans ce dispositif par les interprètes-danseur.euse.s. Ceux-ci travailleront et s’approprieront un langage spécifique s’appuyant sur les sensations et  les textures; ils écriront les mots et les images qui les inspireront devant chaque oeuvre. Lors de sa déambulation dans le Musée d’Art Moderne, le public, équipé de casques, entendra la continuité de ces textes accompagnés de musique .

 

 Les artistes-interprètes 

Le public a pu découvrir au  Musée d’Art moderne le travail d’ Anna Carraud, danseuse-performeuse et également chorégraphe et costumière. Sa pratique chorégraphique est à la croisée de la danse urbaine et de la pratique somatique. Margaux Amoros est quant à elle danseuse et comédienne. Depuis 2009 elle fait partie du laboratoire de recherche et création Le Corps Collectif dirigé par Nadia  Vadori- Gauthier. Liam Warren est danseur , vit à Marseille et a été formé à l’École Nationale de Ballet du Canada, à l’École d’Alvin Ailey à New York et à l’Université Codarts aux Pays-Bas, il a été notamment danseur d’auprès Angelin Preljocaj et d’Yves-Noël Genod. Liam conduit une réflexion guidée par la volonté d’expérimenter de nouvelles formes et d’hybrider arts vivants et arts plastiques.

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Festival Faits d’Hiver 2023
Spectacle Il nous faudra beaucoup d’amour
Conception et chorégraphie: Nadia Vadori-Gauthier
Interprètes: Margaux Amoros, Anna Carraud et Liam Warren
Mix sonore: Irène Bousquet
Textes écrits et enregistrés: Margaux Amoros, Anna Carraud, Liam Warren et Nadia Vadori-Gauthier
Costumes: Anna Carraud
Technique : Baptiste Joxe
Production: Le Prix de l’essence.
Des ateliers sous forme de parcours muséaux dansés ou écrits par les visiteurs, dans les collections permanentes du MAM. seront prochainement  proposés

Nadia Vadori-Gauthier-Gauthier se produira le 25 Mars prochain au Théâtre National de Chaillot.

Une Minute de danse par jour a reçu le soutien de