Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Le projet

Dix ans d’une œuvre pour notre temps

Une minute de danse par jour qu’est-ce que c’est ?

Une minute de danse par jour est un acte quotidien de résistance poétique initié en janvier 2015 par la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier. Il constitue, au fil du temps, une œuvre au long cours, à la fois chorégraphique et vidéographique, traversée d’évènements marquants de l’actualité. Loin d’être un simple effet des réseaux sociaux, ce projet ambitieux et profond nécessite qu’on le regarde par différents prismes pour en prendre la mesure. Depuis l’attentat à Charlie Hebdo, Nadia danse, chaque jour dans tous les contextes, pour la 9ème année consécutive. Depuis le premier confinement, le protocole est ouvert à tous et toutes, constituant un corpus d’archives de milliers de danses, par de nombreuses personnes, dans divers environnements. 

Depuis la Danse 3000, fêtée le 1er avril 2023 au Théâtre National de Chaillot, la chorégraphe a initié un Carnet de Bal, invitant des chorégraphes confirmés et émergents à investir le dispositif. En 2023, participent ou ont participé : Benoît Lachambre, Ambra Senatore, Kaori Ito, Liam Warren, Cécile Proust, Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna, Myriam Gourfink, Bernardo Montet, Julie Anne Stanzak, Margaux Amoros, La Ville en feu, François Ben Aïm, Anne Dreyfus, Lisi Estaras, Marion Lévy, Daniel Larrieu, Asaf Bachrach, Katia Petrovich et Marie Motais. Les invitations se poursuivent jusqu’à fin 2024. 

Au terme de 10 ans de danses quotidiennes, janvier 2025 marquera le point final de cette œuvre aux multiples volets qui se tisse entre le monde que nous avons connu et celui qui vient. Aucun jour ne manque à l’appel.

Que peut la danse quand on ne peut pas grand chose ?

Dans ces temps de violence, de guerre, d’attentats, de numérisation des identités, de disparition de la biodiversité… on peut se sentir démuni. Où réside notre puissance propre de ressentir, d’imaginer, de choisir, d’agir ? Comment peut-on néanmoins créer des liens transversaux et joyeux dans le tumulte ? C’est la question que pose en acte et sans relâche, Une minute de danse par jour depuis neuf ans.

Danser l’actualité : entre le monde d’avant et le monde d’après.

Les danses constituent un corpus adressé à notre époque, une archive dansée qui conserve la trace de chaque journée, faisant un pont entre le monde que nous quittons et celui dans lequel nous entrons. Une minute de danse par jour nous interpelle depuis l’interstice, depuis le sensible. La danse crée des liens transindividuels entre la vie courante et des enjeux collectifs plus larges, éthiques et partagés. Voir les danses d’actualités

Danses de confinement

Lors du premier confinement, après cinq années, Nadia Vadori-Gauthier a ouvert son protocole à tous et toutes. Elle a recueilli plus de 5000 danses provenant de toutes personnes et pays, faisant apparaître les espaces de vie privée. Le tout constitue une archive singulière d’un temps historiquement marquant.  Voir le trailer

Lors du second confinement, Une minute de danse par jour a fait appel aux danses des professionnels des arts et de la culture pour soutenir ces secteurs fortement impactés par leur fermeture au public. Voir le trailer La chorégraphe a également dansé dans plusieurs lieux alors déserts pour contribuer à les rendre visibles et à y  faire circuler la vie. Voir les danses

Carnet de Bal / Shadow dances

Depuis la danse 3000, Nadia Vadori-Gauthier poste chaque jour une danse des chorégraphes qu’elle invite pour des périodes allant de quelques jours à un mois. Elle ouvre ainsi son protocole à d’autres univers, d’autres regards.  Voir le Carnet de Bal

Pendant ce temps, elle continue de poster en arrière plan ses propres danses, qui constituent le terreau de l’œuvre : Shadow Dances, à découvrir sur le site, dans « Voir les danses ».

Aujourd’hui, Une minute de danse par jour constitue une œuvre aux multiples facettes, en résonance avec son temps. Ses enjeux sont transpersonnels, partagés et situés. Il s’agirait, avec un engagement sans faille, de contribuer à adoucir, ne serait-ce qu’une minute, un peu de la folie et de la violence de cette époque qui est la nôtre. 

Télécharger le DOSSIER ARTISTIQUE

Soutenir Une minute de danse par jour

Contacts :  uneminutededanseparjour@gmail.com

Presse :  Olivier Saksik – Elektron libre olivier@elektronlibre.net – 06 73 80 99 23

Administration de Production :  J.B. Clément vegetalhumain@gmail.com – 06 18 99 70 89

Danse Alpha


Le 7 janvier 2015, date de l’attentat à Charlie Hebdo, j’étais très affectée. Ce soir-là, j’ai mis au point le projet de Une minute de danse par jour, pour agir une présence sensible dans le monde. Je voulais agir en m’assignant une action quotidienne petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en me mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres. Les attaques des jours suivants ont renforcé cette détermination. C’est dans ce monde qui est le nôtre que, depuis le 14 janvier 2015, je danse chaque jour, sans autres armes que celles du sensible, pour ne pas céder à l’anesthésie, la peur ou la pétrification et créer des connexions vivantes aux autres, aux environnements. Comment agir de façon locale, infinitésimale, à sa mesure, afin de contribuer à la création de liens et au décloisonnement ? Ce projet est également en relation directe avec mes sujets de recherche doctorales :

  • Rapports micro-politiques de proximité à l’environnement, aux personnes, aux matériaux
  • Travail somatique sur la conscience du corps en mouvement
  • États élargis et modifiés de perception
  • Connexions à la vie oscillatoire-vibratoire
  • Proposition d’alternatives au régime dominant de la représentation
  • Engagement performatif dans l’instant
  • Oscillations espace personnel-espace public
  • Interactions entre somatique-esthétique-politique.
  • Depuis le 14 janvier 2015, Je danse une minute et quelque, tous les jours, simplement, sans montage avec les moyens du bord, dans les états et les lieux dans lesquels je me trouve, sans technique, ni mise en scène, ni vêtement ou maquillage particulier, rien d’autre que ce qui est là. Et je poste la danse en ligne le jour-même.

Je danse comme on manifeste, pour oeuvrer à une poésie vivante, pour agir par le sensible contre la violence de certains aspects du monde. C’est la réponse que j’ai trouvé pour m’impliquer en acte à ma mesure, dans une action réelle, répétée, qui puisse déplacer les lignes, faire basculer le plan ou osciller la norme. J’ai été également également inspirée pour ce projet d’une phrase de Nietzsche tirée de Ainsi parlait Zarathustra et qui dit : « Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois. » ça veut dire pour moi qu’il s’agit de vivre, qu’il s’agit de vivre en mouvement, de rester en mouvement. J’ai été également accompagnée dans l’élaboration de ce projet par un proverbe chinois : « Goutte à goutte l’eau finit par traverser la pierre. ». 水滴石穿 : eau – goutte – pierre – percer, traverser Cela veut dire qu’une action minime et répétée peut finir par avoir un grand effet. La goutte d’eau, ce sont les danses, quotidiennes, interstitielles, sans armes ni sans boucliers. et la pierre, c’est un certain durcissement du monde (communautarismes, hiérarchies, consumérismes, dogmatismes), et aussi la désolidarisation d’avec la nature (environnement, animaux, végétaux) et le manque d’une dimension poétique active au quotidien. Alors pour moi, Une minute de danse par jour, c’est un engagement esthétique, c’est à dire de la sensibilité, un engagement poétique, éthique et microlitique, qui est radical à la petite échelle qui est la mienne. Je continue à danser tous les jours, pour œuvrer à une place plus sensible dans le monde, pour qu’il y ait des circulations entres les cases, les catégories, les corps. Je parie que c’est possible. Chaque jour, tout recommencer à zéro, comme s’il n’y avait jamais eu aucune danse ; tout est à refaire, le corps, la danse ; tout est à danser, à redanser, pour une minute et quelque. Danser la vie qui passe et qui vibre dans les interstices du quotidien, qui vibre, dans les intervalles entre les images brillantes qui prétendent nous tenir lieu de monde.

Au fil des ans, les minutes de danse quotidiennes se sont tissées dans l’étoffe des jours, avec ceux que j’ai croisés (artistes, amis, inconnus, commerçants, agents de la ville, personnes âgées, élus, étudiants, adultes en situation de handicap…). Elles ont été traversées de ce que nous avons vécu collectivement (manifestations, élections, attentats, bouleversements climatiques, grèves, incendie de Notre-Dame, mouvements pour l’égalité des droits, coupe du monde de football, inondations, accueil des réfugiés, et aujourd’hui le confinement du à l’épidémie… ). J’ai dansé seule et avec d’autres, en intérieur ou en extérieur, en ville ou en pleine nature, en France et à l’étranger (Italie, Portugal, Belgique, suisse, Irlande, Allemagne, Canada, Cuba, États-Unis…). Il s’agit d’activer une relation au monde, par la danse, quelles que soient la météo ou l’humeur du jour. Pendant le confinement lié à l’épidémie de covid-19, pour continuer d’activer un partage et des liens qui sont au cœur de ce qui m’anime, j’ai ouvert mon protocole chorégraphique à toutes et tous (Voir page d’accueil du site).

 

« Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? […] Mais où est-elle notre vie ? Où est notre corps? Où est notre espace ? […] Comment parler de ces « choses communes », comment les traquer plutôt, comment les débusquer, les arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : qu’elles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes. »
​L’infra-ordinaire de Georges Perec.

Une Minute de danse par jour a reçu le soutien de