Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Mémoires partagées des 3000 derniers jours Chaillot - Théâtre national de la Danse -  - 25 mars 2023

Solo interactif à partir de dates données par le public.

Chorégraphie Nadia Vadori-Gauthier

Avec Nadia Vadori-Gauthier accompagnée de Jean Hostache (dans le rôle de La Mémoire), DjREÏNE et Theo Lawrence

Production Compagnie Le Prix de l’essence

Depuis les attentats de 2015, Nadia Vadori-Gauthier réalise et met en ligne Une minute de danse par jour, un geste chorégraphique quotidien comme acte de résistance poétique. Depuis huit ans, chaque jour, sans exception, a été dansé. Elle propose ici une performance à partir des mémoires croisées du public et de ses trois mille minutes de danse.

En lançant le 14 janvier 2015 Une minute de danse par jour, Nadia Vadori-Gauthier offrait au regard un « acte quotidien de résistance poétique », en réponse la violence meurtrière. Depuis, la chorégraphe et chercheuse n’a jamais cessé d’enchanter le quotidien, parfois traversé de drames ou de joies. Elle garde une mémoire kinesthésique de chacune de ces danses. Mémoires partagées des 3 000 derniers jours est dès lors un palimpseste sous forme de performance (ou le contraire). Chacun peut choisir une date marquante de sa vie depuis ce 14 janvier 2015, et expliquer son choix. Un tirage au sort décidera du déroulé de la soirée. La photo de la danse du jour en question est alors projetée directement sur le plateau. Puis Nadia Vadori-Gauthier danse sa mémoire de ce jour-là s’entrelaçant à la mémoire du spectateur, recréant une mémoire à partir des souvenirs partagés. Comme un vivre-ensemble subtilement incarné sous nos yeux.

PHILIPPE NOISETTE

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Mémoires partagées des 3000 derniers jours

Note d’intention – Nadia Vadori Gauthier

Le temps file, chaque jour succède à l’autre, cristallisant des instants qui émaillent le ciel de nos mémoires. Quelques fragments de nos vies  sont arrachés à l’oubli. Nos souvenirs, fugaces ou persistants, se réagencent. On les modifie, on les rêve. Deux personnes ont souvent, du même instant, un souvenir différent. Chacun, chacune d’entre nous, a vécu chacun des 3000 derniers jours : plus de huit années d’état d’urgence. Si l’on regarde en arrière, que reste-il maintenant de ce que nous avons traversé seuls et ensemble ? Le choc ? Des impressions diffuses, des durées entrelacées, des endroits, des visages, un mot prononcé, une invitation déclinée, une étreinte, un vertige ? Le souvenir précis d’un instant saisissant ? Que reste t-il de nos vies de 2015, 2020, 2022… dans un monde qui ne s’est jamais aussi vite métamorphosé ? Que reste t-il même d’aujourd’hui 25 mars 2023 ? Dans l’ancien calendrier julien, le 25 mars, était le jour des cadeaux, des étrennes. Les fêtes se prolongeaient jusqu’au 1er avril, date de l’année nouvelle. Après l’instauration du calendrier grégorien en 1582, fixant le jour de l’an au 1er janvier, certains continuèrent de le célébrer le 1er avril, qui devint ainsi le «  jour des fous ».

Avant de nous réunir dans quelques jours, le 1er avril, pour les festivités de la danse 3000 dans le foyer de la danse, nous voici ensemble à un carrefour du temps. Ce soir, le passé et le futur se changent l’un dans l’autre. Je m’engage dans l’aventure de danser l’entrelacs de ma mémoire et des vôtres, de les réinventer, pour quelques jours que vous choisirez. J’ai dansé chaque jour sans exception depuis janvier 2015, pour nous, pour ces temps / Une minute de danse par jour. Je garde des empreintes corporelles, somatiques, de chacun des jours passés.

Je suis accompagnée de Jean Hostache dans le rôle de la mémoire. Son ordinateur est connecté aux minutes de danse en ligne. Il dira ce qu’il voudra.

Theo Lawrence chante une chanson composée spécialement en 2016 et chantée pour la première fois dans le couloir Varini du Ministère de la culture, alors que j’y dansais la danse 500. DJ_Reïne composera et mixera en direct les sons de cette soirée.

Ce soir, jour de la danse 2993, cela fait exactement 3000 jours depuis l’attentat à  Charlie Hebdo.

Merci à vous qui êtes venus, à l’équipe du théâtre, à J.B., à Réda et à Margaux Amoros qui m’a fait l’amitié d’un œil extérieur.

Biographie

Formée initialement à la danse et aux arts plastiques, Nadia Vadori-Gauthier active, par la danse, des liens à notre époque et à la Terre.  Au sein de la cie chorégraphique  Le Prix de l’essence, elle questionne les frontières entre l’art et la vie, le visible et l’invisible, le mouvant et la forme. Elle compose avec la sensation, l’émotion, l’imaginaire, et l’inconscient, ainsi qu’avec une dimension vibratoire énergétique, envisageant les images et les formes comme vecteurs de connexion au vivant. Elle a créé une technique de danse, Corps sismographe®, et élabore Réel Machine, un jeu de cartes à danser pour danseurs·euses.  Artiste associée au laboratoire « Scènes du monde » de l’Université Paris 8, elle développe des propositions en lien aux œuvres muséales et aux arbres et participe à des publications dans des revues de recherche et ouvrages collectifs. Depuis 2015, elle mène le projet « Une minute de danse par jour », une œuvre au long cours se tissant d’éléments d’éléments personnels et collectifs, du quotidien et de l’actualité. Le documentaire Une minute de danse par jour : Une joie secrète de Jérôme Cassou sort en septembre 2019. Lors des confinements, Nadia lance un appel public et réunit une archive historique de 5000 vidéos de minutes de danse de cette période. Lors du second confinement, elle danse dans les lieux culturels fermés au public pour défendre leur caractère essentiel. Aujourd’hui, elle se consacre à Il nous faudra beaucoup d’amour, pièce de danse au musée.


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