La Minute Positive #5 : Nadia Vadori-Gauthier : la danse comme résistance3 juillet 2025
Auteur : Le Média PositifSupport : Le Média Positif
Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, Nadia Vadori-Gauthier danse une minute par jour depuis 2015. Une initiative née au lendemain des attentats de Charlie Hebdo avec un objectif : la danse en réponse à la barbarie. Retour sur dix ans d’un geste poétique devenu acte de communion, de résistance et de mémoire.
Le 7 janvier 2015, au lendemain des attentats, la France est frappée en plein cœur. Un attentat terroriste, mené contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, fait douze victimes. Parmi elles, des figures emblématiques de la caricature comme les dessinateurs Cabu, Charb ou encore Tignous. Au-delà de la tragédie humaine, c’est la liberté d’expression toute entière qui est meurtrie, plongeant le pays dans un deuil national.
Un acte de résistance poétique
Plantée devant son poste de télévision, l’artiste franco-canadienne Nadia Vadori-Gauthier assiste, impuissante, à l’horreur. La chorégraphe refuse de céder à la peur et choisit de répondre par ce qu’elle sait faire de mieux : l’art, le corps et la poésie. Le 14 janvier 2015, Nadia sort dans la rue caméra à la main et improvise une danse. Depuis, elle recommence. Chaque jour, sans exception.
Son projet s’appelle « Une minute de danse par jour » : un acte qu’elle qualifie de « libre et gratuit », un « geste de résistance » pour créer du lien, apaiser les tensions, et « apporter plus de douceur entre les catégories et les corps ». Chaque vidéo est postée sur les réseaux sociaux et sur son site. Une « petite chose », qui s’est peu à peu transformée en un véritable symbole de résilience et de mémoire.
N’importe où, n’importe quand avec n’importe qui
Le 7 août 2024, Nadia a dansé au milieu de la foule venue admirer l’envol de la vasque olympique.
“Que l’on estime perdue toute journée où l’on n’a pas dansé”, Nadia a pris les paroles de Nietzsche au pied de la lettre. Depuis 10 ans, la chorégraphe danse chaque jour, qu’importe le temps, l’humeur et l’état de fatigue. Des chambres d’hôpital aux jardins de l’Élysée, en passant par le métro, la rue… et même le sommet des montagnes, Nadia danse partout et surtout avec tous ceux qui le souhaitent.
Le 23 juillet 2024, elle immortalise ce rituel quotidien aux côtés d’Annick, une rencontre inattendue devant la maison de cette vieille dame. Un moment suspendu, comme un pas de deux improvisé.
Au fil des années, ses danses ont évolué au rythme de l’actualité, des rencontres et des grands bouleversements de notre société. Qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19 ou de l’urgence climatique, Nadia a toujours veillé à ce que chaque geste, chaque mouvement, entre en résonance avec l’air du temps.
Depuis 2015, 6654 danses
Nadia mettra un point final à cette aventure singulière le 14 janvier 2025. En dix ans, elle aura partagé près de 3 654 vidéos d’une minute, que l’on peut retrouver sur son compte instagram, dansant chaque jour avec la même ferveur. Une démarche qu’elle retrace dans un livre intitulé Une minute de danse par jour Dix ans d’une œuvre pour notre temps, et qui incarne pleinement le proverbe qui l’a guidée tout au long de ce parcours : « Goutte à goutte, l’eau finit par traverser la pierre ».