Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Les 500 danses de Nadia8 juin 2016

Auteur : Charlotte Fauve

Support : OBJECTIF GRAND PARIS

Elle sautille, roule, virevolte, le Grand Paris en arrière-plan : le temps d’une minute de danse par jour, la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier, d’une réjouissante pirouette anti-morosité, réconcilie internautes et Franciliens avec les lieux de leur quotidien. Loin de la crise et de l’état d’urgence, dansez maintenant ! Un coup de cœur pour le Grand Paris ? J’aime la diversité de cette ville, de ses espaces, de ses habitants. J’aime beaucoup la couleur, même si l’on ne pense pas forcément à elle lorsqu’on imagine le Grand Paris. La multiplicité de mes danses trouve son sens dans les innombrables endroits que je traverse et les différents rapports qu’elles créent avec les gens, les lieux, leur quotidien, et la couleur en fait partie (…). ​ Un rêve pour le Grand Paris ? Que la danse et la musique y soient plus libres : l’état d’urgence ne permet plus les rencontres collectives. Il m’est encore possible d’investir l’espace public car j’y évolue de façon rapide, seule, avec une caméra. Auparavant, j’avais pris l’habitude de danser dehors avec mes élèves, d’y improviser en groupe. C’est de plus en plus difficile aujourd’hui, car nous sommes très vite rejoints par des agents de sécurité, alors que je pense au contraire qu’il faudrait que l’accès aux espaces publics devienne plus simple, qu’ils s’ouvrent à des expériences de partage collectives, de façon à ce que la population puisse davantage se les approprier. (…) ​ Un jardin secret ? J’ai un rituel de solitude avec le canal Saint-Martin : je me promène au bord de l’eau, puis je m’installe chez Marcel, un petit restaurent indien, pour manger un dal (plat indien à base de légumineuses, NDLA) végétarien. Cela m’a fait très bizarre lorsque le canal a été vidé, j’y ai même fait une danse, le 23 mars 2016, c’était un beau souvenir. Et, sinon, j’ai récemment découvert l’ancien hôpital de Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement : j’y étais allée un peu par hasard, et je suis tombée sur ce village temporaire. C’est assez surprenant, Il y une ambiance bucolique, de grandes tablées où les gens jouent aux cartes, en plein Paris. Cela s’appelle Les Grands Voisins, et je vous conseille vraiment d’y aller ! ​ Le Grand Paris, … en un souvenir ? Je circule beaucoup en scooter dans Paris. La moindre rue y a son histoire, c’est comme un coffre aux trésors, qui s’ouvre à mesure que le temps passe et que l’espace défile. Ma vie s’y est inscrite en plusieurs endroits mais je garde un souvenir très fort du Pont Neuf, que j’ai connu emballé par Christo, quand j’étais petite : à chaque fois que je vois ce pont, c’est comme si je le voyais empaqueté, le souvenir se superpose à la réalité. C’est une image merveilleuse, qui me pousse à affirmer qu’il n’y a décidément pas assez d’art dans l’espace public. Il faut que l’art contemporain s’ouvre davantage à la rue : les œuvres éphémères ne le sont pas, car elles restent dans les mémoires.

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