A daily performance project by Nadia Vadori-Gauthier

Une minute danse par jour comme remède à la crise13 March 2018

Author : Rosita Boisseau

Medium : LE MONDE

« Depuis le 14 janvier, Nadia Vadori-Gauthier a lancé sur Internet sa Minute de danse par jour, une vidéo légère et rapide comme un éclat de rire arraché au speed quotidien. Cette riposte de survie dans un monde qui serre la vis et le budget aux artistes, tout en jetant l’humain avec l’eau du bain, fête, jeudi 23 avril, sa centième (…). Le dispositif de ces virgules multicolores est simple et modeste : Nadia Vadori-Gauthier choisit un spot en extérieur ou en intérieur, pose sa caméra et performe top chrono pendant une minute et quelques. (…) Du Palais de Tokyo à Paris, aux rues de Montreuil, d’un Lavomatic à une animalerie, d’un torrent à un parterre de jonquilles, Nadia Vadori-Gauthier s’incruste dans le réel dont elle incorpore avec spontanéité tous les éléments. Il faut la voir se gondoler comme le tapis qu’une dame secoue par la fenêtre, réagir au rire énorme d’un passant… « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. » C’est après les attentats à Charlie Hebdo que Nadia Vadori-Gauthier a conçu Une minute de danse par jour. « Je voulais m’assigner une action quotidienne, petite, mais réelle et répétée, qui donne du sens à mon parcours d’artiste, précise-t-elle. Face au durcissement du monde devant lequel je me sens minuscule, je me suis demandé ce que je pouvais faire. Rien, ou alors me mettre en jeu à ma mesure, petite, en œuvrant pour une poésie vivante. » De cette astreinte, pas loin de l’hygiène de vie ou du bol d’oxygène, Nadia Vadori-Gauthier remarque qu’elle exige beaucoup d’elle-même. « C’est un engagement minimal mais radical. Je suis quelqu’un de réservé et il faut vraiment que j’y aille, comme on dit, chaque jour, ce qui n’est pas rien. » A la tête de son association Le prix de l’essence depuis 2008, Nadia Vadori- Gauthier se consacre à un laboratoire de recherche collective, des performances, des ateliers et ses études. Après cinq ans à l’université Paris-VIII, elle vient de terminer une thèse au carrefour de la danse, du théâtre et des arts plastiques sur « Les processus somatiques de création ». Son mantra est une formule chinoise : « Goutte à goutte, l’eau transperce la pierre. »

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