Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Danse 558 - 24 juillet 2016

12h08, Théâtre National de Chaillot, Paris 16e.
C’est l’été, le théâtre est fermé et le grand foyer désert. Réda lit une lettre écrite il y a longtemps, je danse.

I.
C’est allongé contre ton nom qu’une nouvelle fois – tout a commencé.
À la personne qui me dit d’attendre en silence – je l’interroge.
Je lui réponds.
J’ai raconté notre odyssée.
Je cherchais le mot voyage mais n’ai pas pu le remplacer.
Tout soudainement m’est apparu d’une lumineuse tranquillité comme des charriots blonds qui traversent la fin de l’été.
Mais cette lettre n’est déjà qu’un mensonge
Car pour qu’une image se suffise à elle-même – tel un amant – perdu sur les rives du Styx – il faut taire ces lois sorcières pour t’enlever te posséder.
Mais est-ce là notre mouvement ?
Ecrire des mots graves – rejouer l’innocence ?
Dans mon chagrin – rien n’est en mouvement
Comme un pantin suspendu face au vide, moi aussi, j’ai capturé des insectes pour couper leurs ailes et les offrir.
Dans l’iris de mon sommeil – Toi aussi – tu as aimé.

II.
Aujourd’hui – J’attends
Personne ne viendra –
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus ce qui fut de moi-même
Ne pas avoir peur
Attendre l’espoir
Voir ses amis sans les connaître – manger sans goûter –aimer les arts tous les arts parce qu’ils sont vrais
Imaginer le silence d’un après midi d’été et la chaleur qui vient tout figer
Imaginer la pluie qui tombe la gorge asséchée et le mystère d’un matin
Piller la vie de ses richesses – Revenir en arrière et arrêter de pleurer
Te tenir dans mes bras et me savoir seul entier
Avoir de la chance – plus de chance

III.
Les couleurs sont l’écho du temps
Joie d’un amour sans lumière comme une flamme face au vent
Ce soir je te propose une alliance – un cercle bleu et d’argent
Ciel zébré de coraux qui me saignent les pieds
Au tourbillon du bonheur – l’azur en nos mains
Je suis en toi avant d’être en moi-même

Réda Soufi

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