Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Danse 369 - 17 janvier 2016

12h04, rue Daguerre, Paris 14e.

Alors que je marchais à l’écoute d’une occasion pour danser, j’expliquais à un ami (en tant que fervente lectrice de Deleuze) que je cherchais un « agencement », c’est à dire une multiplicité de connexions entre des facteurs hétérogènes : un lieu, une couleur, l’instant, un matériau, mon état de corps, un rythme, une voix, la couleur de mon sweat, le vent… C’est cet agencement que je pourrais alors danser, afin de m’engager dans un devenir commun de différentes composantes, qui impliquent le corps, la pensée, la matière, la météo, des strates inconscientes, des entrelacements dedans-dehors, etc. Puis, je suis « cueillie » par un mixte : « trottoir-échelle-rythme de pas-boules bleues-porte jaune- pull rose-asphalte-rayures sur la vitre » . Je m’y glisse, le temps d’une danse, devenir-échelle de mon corps, devenir-corps dansant de l’échelle.

Un jeune homme (Yannick) s’arrête, il reste un moment (ce sont ses jambes qu’on voit dans les dernières secondes du film). À la fin de ma danse, il me parle de l’agencement qui l’a conduit ici :

– « La semaine dernière, une amie m’a posté un petit film qui explique ce que vous faites avec la phrase de Nietzsche que vous citez. Puis, une fille dans un train m’a parlé d’Isadora Duncan. Tout ça, m’a donné envie de danser. Ce matin, je me suis mis en quête d’un cours de danse. J’y suis allé, mais je n’ai pas trouvé le cours. Alors, je me suis is à marcher (comme Nietzsche, je lui dis 🙂 ), et puis je suis arrivé ici, par hasard, pendant la minute de danse en train de se faire. On a besoin de ça. »

Yannick, merci d’être passé par là. J’espère que vos pas vos mèneront à de nombreuses danses pour la suite.

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